Déguster le thé
L'Art de l'infusion parfaite
Comment se déguste le Thé ?
Le thé est bien plus qu'une simple boisson chaude ; c'est une expérience, un rituel, un voyage des sens. Mais pour en apprécier toutes les subtilités, il faut savoir le préparer correctement. Alors, que vous soyez du genre à infuser votre thé noir façon mazout, à laisser mariner votre thé vert plus longtemps que le poulet du barbecue, à touiller votre matcha au fouet de cuisine, ne paniquez pas ! Les Mademoiselle’s sont là pour vous dévoiler tous les secrets d'une infusion parfaite. Après ça, si vous continuez à brûler, noyer ou torturer votre thé, sachez que nous déclinons toute responsabilité...
Le thé vert : délicat, mais fragile
Non, le thé vert, ce n'est pas amer ! Il est victime de maltraitance.
Si vous l'oubliez le temps de faire vos courses, le ménage et la lessive, le pauvre ne pourra changer son funeste destin.
Le thé vert doit être infusé à une température d'environ 70-75°C pendant 2 à 3 minutes. Trop chaud ou trop long ? Vous obtiendrez un goût âcre qui pourrait vous décourager. Apprécier un thé vert, c'est un art, et il sera d'autant plus bon qu'on aura respecté son essence.
70°C-75°C
1 cuillère à café par tasse
2-3 minutes
La particularité de la préparation des thés verts japonais
Les thés japonais, réputés pour leur délicatesse et leurs saveurs marines, nécessitent une attention particulière lors de leur préparation et demandent ainsi une température d'infusion plus douce et un temps d'infusion plus court. Ils sont souvent plus fragiles que les autres thés verts "classiques" en raison de leurs méthodes de culture et de leur cuisson "vapeur". Certains sont même cultivés à l'ombre (les kabusecha), ce qui leur donne une teneur plus élevée en chlorophylle, en minéraux, en vitamines et en acides aminés, mais les rend également plus sensibles aux fortes températures. C'est pourquoi il est crucial de respecter les bonnes pratiques d'infusion pour apprécier pleinement leur délicatesse et leurs arômes complexes.
Ces thés, comme le sencha, le genmaicha, le gyokuro et le matcha, sont plus fragiles que les thés verts "classiques" et
Sencha et genmaicha : Ces thés verts populaires au Japon doivent être infusé à une température de 70°C pendant 1 à 2 minutes 30. Une température trop élevée ou un temps d'infusion trop long peuvent les rendre amers et désagréables.
Gyokuro et autres kabusecha : Considéré comme l'un des thés verts les plus raffinés, le gyokuro doit être infusé à une température encore plus basse, entre 50-60°C, pendant environ 2 minutes. Cette température plus douce permet de préserver ses saveurs umami (sucré/salé) et sa douceur unique.
Matcha : Le matcha est un thé vert réduit en poudre. Il ne s'infuse pas mais se fouette. L'eau doit être à environ 60-70°C. Une cuillère de matcha est déposée dans un bol à fond plat, puis on ajoute de l'eau chaude et on fouette vigoureusement jusqu'à obtenir une mousse légère et régulière.
Le thé noir : fort, mais caractériel
Eh, oui ! Le thé noir a aussi ses limites !
Le thé noir est robuste et peut supporter une température d'infusion plus élevée, environ 80-85°C (90°C pour les plus balèzes), pendant 3 à 5 minutes. Mais attention, même lui a ses limites ! Une infusion trop longue et vous obtiendrez une amertume qui vous fera grimacer. Le thé noir aime qu'on lui prête attention, un peu comme un bon vin rouge. Ainsi, même si le thé noir est plus coriace que ses copains, il mérite tout de même qu'on le traite avec respect pour en tirer le meilleur goût.
80°C-85°C
1 cuillère à café par tasse
3-5 minutes
Qu'est-ce qui rend le thé noir amer ?
Ce qui rend le thé noir moins fragile que le thé vert ou blanc, c'est son processus de fabrication. Contrairement à ses camarades, le thé noir subit une oxydation complète, ce qui renforce ses arômes et lui confère une plus grande résistance à la chaleur. Cette oxydation développe des saveurs riches, mais c'est aussi ce qui fait que le thé noir peut devenir plus amer et fort si on le laisse infuser trop longtemps. En effet, l’oxydation entraîne une concentration des tanins qui, libérés en excès, peuvent rendre le thé amer.
La particularité des Darjeeling de Printemps
Les Darjeeling de printemps, également appelés "First Flush", sont une catégorie spéciale de thés noirs cultivés dans la région de Darjeeling, en Inde. Récoltés au début du printemps, ils sont beaucoup plus verts et jeunes que les thés noirs "classiques". Leur feuilles et leur saveur rappellent souvent les thés verts, avec des notes florales et une légère astringence.
Pour préserver leurs arômes et éviter toute amertume, il est recommandé d'infuser ces thés à une température plus basse, autour de 80-85°C, pendant 2 à 3 minutes maximum. Une infusion à une température trop élevée ou trop longue pourrait altérer les saveurs fraîches et complexes du First Flush, rendant le thé trop fort et amer à vous en faire friser les moustaches.
Ces thés sont souvent appelés "le champagne du thé" en raison de leur finesse et de leur complexité, et méritent donc une attention particulière pour en apprécier pleinement la liqueur.
Le thé blanc : inimitable, mais timide
Le thé blanc est discret, mais terriblement timide.
Il aime une eau légèrement plus froide vers 70°C (80°C pour les thés blancs composés uniquement de bourgeons), et une infusion lente de 4 à 5 minutes. Ne le brusquez pas ! Ce thé est délicat et il mérite d'être savouré avec patience et calme.
70°C-80°C
1 cuillère à café par tasse
4-5 minutes
Pourquoi le thé blanc prend-il plus de temps à s'infuser ?
La réponse réside dans sa composition.
Les thés blancs, comme la célèbre catégorie des "Aiguilles d'Argent", sont souvent constitués de bourgeons recouverts d'un fin duvet argenté (d'où leur nom). Ces bourgeons, non oxydés et à peine transformés, mettent plus de temps à s'ouvrir et à libérer leurs arômes subtils. Contrairement aux feuilles plus matures des autres types de thé, les bourgeons du thé blanc sont plus denses et requièrent une infusion plus longue pour diffuser pleinement leurs saveurs florales. C'est cette lenteur qui permet au thé blanc de développer toute sa complexité, sans amertume.
Alors, laissez-le prendre son temps ; il vous récompensera par une expérience gustative des plus fines.
Si vous possédez des thés blancs - uniquement ou en majorité - composés de bourgeons, infusez-les à 80°C pedant 6-8 minutes.
Le thé bleu (oolong) : facile, mais multifacette
Le thé oolong, ou wulong, ou thé bleu ou encore thé semi-oxydé, est un véritable caméléon des thés.
Le thé oolong, comme nous aimons l'appeler chez les Mademoiselle's, se situe entre le thé vert et le thé noir, à la fois par son oxydation et par son goût. Il demande une température de 80-90°C et une infusion de 3 à 5 minutes. Ce qui rend le Oolong vraiment unique, c'est la variété de ses facettes, qui changent en fonction de son degré d'oxydation.
80°C-90°C
1 cuillère à café par tasse
3-5 minutes
Oolong peu oxydé ou fortement oxydé ?
Oolong peu oxydé : Un Oolong peu oxydé, souvent autour de 10-30%, se rapproche davantage d'un thé vert, tant par sa couleur que par son goût. Il offre une liqueur claire avec des saveurs fraîches et florales. Il possède également des notes beurrées qui le rendent plus "épais" à la dégustation. Il possède une douceur subtile qui caresse le palais. C’est le cas de notre Bouton de Clochette, un oolong peu oxydé qui dévoile des arômes délicats et une texture légère en bouche, parfait pour ceux qui apprécient les saveurs raffinées et printanières.
Oolong fortement oxydé : À l'autre extrémité, un Oolong fortement oxydé, à environ 50-70%, se rapproche du thé noir, avec une liqueur ambrée. Ces thés offrent des saveurs riches et profondes, aux notes de fruits mûrs, de miel, de caramel, et parfois même de tabac (C'est l'effet "cuisson prolongée"). Un exemple parfait est notre Baiser Volé, un oolong fortement oxydé qui saura vous séduire par sa puissance et sa texture ronde en bouche.
Deux thés, deux ambiances : Les oolongs peu oxydés pour une légèreté florale et les oolong fortement oxydés pour une dégustation corsée.
La Cérémonie du thé à travers le monde
Chaque cérémonie du thé incarne un art de vivre. Elles sont le reflet de traditions et de cultures. Du Japon à la Chine en passant par l'Europe, chaque rituel révèle une histoire unique.
En Chine
En Chine, la cérémonie du thé, ou Gong Fu Cha, est un art ancestral où tout est dans le détail : la température de l'eau et sa qualité, la sélection des feuilles, et les ustensiles utilisés. On infuse les feuilles plusieurs fois dans une petite théière, souvent en terre, chaque infusion révélant de nouvelles saveurs. Contrairement aux pratiques occidentales, les quantités de thé utilisées dans un Gong Fu Cha sont bien plus importantes, ce qui permet de réinfuser les feuilles plusieurs fois. Pas de fioritures, juste une connexion intime avec le thé.
"Gong Fu Cha" peut se traduire par "L'art de préparer le thé avec habileté/application/effort" ou "Thé fait avec soin". Le terme "Gong Fu" (ou "Kung Fu") signifie "maîtrise" ou "compétence", et "Cha" signifie "thé". L'expression évoque donc une préparation minutieuse et experte du thé.
Dans la cérémonie du Gong Fu Cha, les proportions de thé et d'eau sont très différentes des méthodes d'infusion occidentales. En général, on utilise une grande cuillère à soupe (5/8g) de feuilles de thé pour une toute petite théière d'environ 100 à 150 ml. Cette répartition des feuilles et de l'eau permet de réaliser plusieurs infusions successives, chaque infusion durant seulement 10 à 30 secondes. Les premières infusions seront intenses, tandis que les suivantes révéleront progressivement des nuances plus subtiles du thé.
Au Japon
Au Japon, la cérémonie du thé, ou Cha No Yu, est un rituel zen dans lequel le matcha occupe une place centrale. Chaque geste est précis et possède une signification propre et codifié. Le maître de thé prépare le matcha avec soin dans une atmosphère empreinte de respect et de calme. Participer à un Cha No Yu, c'est goûter aux traditions profondes de la culture japonaise. Pour les autres thés, comme le sencha ou le gyokuro, la préparation se fait dans une théière Kyushu, petite et élégante, conçue spécialement pour sublimer les saveurs des thés verts japonais.
"Cha No Yu", littéralement "l'eau chaude pour le thé", est bien plus qu'une simple préparation de thé au Japon ; c'est un rituel qui incarne la simplicité, la sérénité, et le respect. Codifié au 16e siècle, il intègre des éléments de la philosophie zen.
Pour les samouraïs, ce rituel était crucial. Dans un monde secoués par la guerre et les conflits, il offrait un moment de calme et de méditation, renforçant leur maîtrise de soi et leur concentration. La cérémonie servait aussi de terrain neutre, où les guerriers pouvaient rencontrer alliés ou ennemis dans un cadre paisible, symbolisant un espace de paix et de respect au-delà des rivalités.
En Europe
En Europe, le thé est souvent associé à l'Angleterre et à son célèbre Tea Time. Ici, pas de cérémonie stricte, mais plutôt un moment de convivialité. On déguste le thé noir avec un nuage de lait, du citron ou du miel, accompagné de scones, de finger sandwiches et de petits gâteaux. Le Tea Time, c'est l'occasion de prendre une pause dans la journée, de se détendre et de partager un moment intime avec ses proches.
Le thé a fait son entrée en Angleterre au 17e siècle, grâce aux échanges commerciaux avec l'Asie, notamment via la Compagnie britannique des Indes orientales. À l'origine, il était considéré comme une boisson exotique et rare, réservée à l'élite. Il est devenu populaire à la cour grâce à la reine Catherine de Bragance, une amatrice de thé d'origine portugaise.
Quant au tea time, il a été "inventé" par la duchesse de Bedford, au début du 19e siècle. À l'époque, les dîners étaient servis trop tards au goût de la duchesse. Pour combler ce vide entre le déjeuner et le dîner elle a commencé à prendre un petit repas l'après-midi, composé de thé, de petits gâteaux et de sandwichs légers. Elle invitait des amis à se joindre à elle, et ce rituel est rapidement devenu populaire dans la haute société anglaise. Ainsi est né le traditionnel afternoon tea, un moment de convivialité qui s'est ancré par la suite dans la culture britannique.
Le mot de la fin : Respectez votre Thé
Un thé bien préparé est une véritable œuvre d'art, une symphonie de saveurs qui mérite d'être savourée pleinement. Alors, la prochaine fois que vous préparez une tasse de thé, rappelez-vous : le thé vert n'est pas amer, le thé noir a besoin d'attention, et chaque thé a son propre rituel. Faites-en une expérience à part entière, et laissez-vous emporter par la magie du thé.
Mais, au final, qu'est-ce que le thé ? La réponse ici !